dimanche 30 novembre 2008

FREDDIE LA TORNADE

La sortie en juillet 2008 du nouveau CD de Freddie HUBBARD « On The Real Side » (Times Square Records) est une occasion idéale pour nous pencher sur la discographie foisonnante de ce trompettiste d’envergure dans tous les sens du terme . Ce sera hélas son dernier enregistrement car Freddie nous a quittés le 29 décembre 2008. Après ses débuts auprès des frères Wes et Monk MONTGOMERY, il a tout juste vingt ans lorsqu’il débarque en 1958 à New-york et participe à différentes sessions avec notamment Philly Joe JONES et Sonny ROLLINS.

De BLUE NOTE à COLUMBIA

Les années Blue Note
















Le début des années soixante est particulièrement prolifique pour Freddie qui devient l’une des valeurs phare du label Blue Note, soit comme leader soit comme sideman.
On le retrouve ainsi aux côté de Kenny DREW (Piano) sur « Undercurrent », Jackie Mc LEAN (Sax Alto) sur « Bluesnik », Dexter GORDON (Sax Tenor) sur « DOIN’ Allright », Herbie HANCOCK (Piano) sur « Takin’ OFF » avec un petit détour chez Atlantic où il rejoint John COLTRANE sur « Ole » et Ornette COLEMAN pour le fameux « Free Jazz » qui défraya la chronique en son temps.








Pas mal pour un jeune homme qui hier encore faisait ses gammes en écoutant Clifford BROWN et Miles DAVIS, et qui démontre un éclectisme dont il fera preuve tout au long de sa carrière.
En 1961 il rejoint les Jazz Messenger’s d’Art BLAKEY, un fameux dénicheur de talents, un peu l’équivalent de ce que sera John MAYALL pour les guitaristes de Blues. Il y remplace Lee MORGAN et s’impose d’emblée comme compositeur surdoué dans le registre Hard-Bop « Up Jumped Spring » « Down under » etc....
En parallèle, sa carrière solo a démarré dès 1960 avec l’album « Open Sesame » sur lequel il n’a composé qu’un titre, le reste étant dû à la plume de Tina BROOKS (Saxo) ce qui l’apparente davantage à un galop d’essai. Très vite cependant Freddie HUBBARD va s’affirmer comme leader et compositeur avec des titres capables de mettre en évidence son habileté mélodique, sa vélocité, sa puissance et sa fougue mais aussi son extrême velouté quand il s’agit de nous caresser dans le sens du piston.














« Goin’ Up » (1960) «Hubcap » « Ready For Freddie » (1961) « Hub-Tones » « Here To Stay » (1962). Le choix de ses partenaires est un pur régal et explique la richesse de ces enregistrements, accrochez-vous : on retrouve entre autres selon les sessions Wayne SHORTER, Hank MOBLEY, Herbie HANCOCK ou encore Mc COY TYNER et Elvin JONES empruntés à John COLTRANE.
A la même période 61-63, il effectuera un petit tour chez IMPULSE, d’abord en compagnie de Oliver NELSON « The Blues And The Absract Truth » (1961) puis sous son nom pour deux albums de facture classique «The Artistry Of Freddie HUBBARD » et « The Body And The Soul ».
(Une petite question en passant, les titres d’albums ou de compositions à base de HUB étant légion, il aurait pas un petit ego surdimensionné le HUBBARD ?)




















Sur ses premiers efforts en solo son style reste relativement conventionnel même s'il nous gratifie tel un ouragan de cavalcades effrénées, avec des trilles à n’en plus finir, on le sent hésiter entre classicisme et avant-gardisme, mais un changement va s’opérer en 1964 à partir de « Breaking Point » le bien nommé.On voit qu’il commence à se sentir à l’étroit dans son costume de Hard-Bopper et que fort de sa technique à toute épreuve il a besoin d’élargir son registre, l’orchestre s’étoffe et la musique se veut plus aventureuse. On retrouve à ses côtés James SPAULDING (Sax Alto) et/ou Joe HENDERSON (Sax Tenor) sur « Blue Spirits ». Il rejoint à la même période le “ passeur “ Eric DOLPHY sur « Out To Lunch » (1964) et John COLTRANE en 65 sur « Ascension » tout en continuant à participer à de nombreuses séances Blue Note avec Herbie HANCOCK « Empyrean Isles » (1964), Wayne SHORTER « Speak No Evil » (1965), Bobby HUTCHERSON « Dialogue » (1965) ou encore Duke PEARSON « The Right Touch » (1967).










Les années ATLANTIC

A la fin des années soixante Freddie change de registre avec les albums « High Blues Pressure » « Backlash » et « Soul Experiment » mélange de Soul, de Funk et de Blues qui préfigure son évolution future au début de la décennie qui vient. « The Black Angel » renoue quant à lui avec la veine expérimentale de « Breaking Point » tandis-que « The Hub of Hubbard » (Verve Records) est un album en demi-teinte qui clôt les sixties.




















Les années CTI


« Red Clay » « Straight Life » (1970) « First Light » (1971) « Sky Dive » (1972)
« Keep Your Soul Together » « In Concert with Stanley Turrentine Vol 1&2 » (1973)
« Polar AC » (1975).
























Le premier album à paraître en 1970 chez CTI « Red Clay » change la donne d’emblée par un mélange hybride de Jazz-Rock-Fusion et de Soul-Jazz dans lequel HUBBARD peut laisser libre cours à son inspiration avec une énergie débordante, véritable torrent de lave en fusion, ou bien une tendresse infinie qui remue l’auditeur en profondeur. Une exubérance qui le fait de nouveau flirter avec le Free Jazz sur « Straight Life » tandis-que sa face romantique s’expose sur
« First Light » (Grammy award). « Keep Your Soul Together » reprend la recette du premier cité avec la combinaison trompette, saxo, guitare, orgue et rythmique impeccable. « Polar AC » est plus disparate qu’éclectique, facture classique ou traitement fusion, l’ensemble pollué par un excès de violonades. A noter la parution en 73 d’un excellent live « Freddie HUBBARD et Stanley TURRENTINE in concert vol 1&2 » pour les amateurs de morceaux à rallonges propices au soli les plus débridés, Stanley étant, c’est bien connu, un fameux rouleur de hanche (de saxo). C’est vers cette époque que Freddie Hubbard passe de trompettiste réputé à célébrité et élargit son audience. Ses partenaires sont du même calibre : Herbie HANCOCK aux claviers, Ron CARTER à la basse, Georges BENSON à la guitare. Une combinaison gagnante qui tourne un peu la tête du trompettiste qui va quitter Don SEBESKY et CTI pour rejoindre COLUMBIA, la compagnie qui édite les disques de Miles DAVIS.

Les années COLUMBIA

Le puriste dira qu’il s’agit de la période la plus commerciale du trompettiste (et il n’aura pas tort) mais ce n’est pas pour autant qu’elle manque d’intérêt vu l’étendue technique du bonhomme et sa science mélodique, tout au plus pourrons-nous lui reprocher un certain formatage et même, allez, un formatage certain. De bons petits riffs bien chauds soutenus par une basse profonde, du piano électrique, de la flûte, du saxo et accessoirement des violons. Les quatre premiers albums « High Energy » « Liquid Love » (What is it ?!) « Wind Jammer » « Bundle Of Joy » sont de cette veine ainsi que « Gleam » un live enregistré au Japon en 75 et paru exceptionnellement chez SONY.
















Mais Freddie HUBBARD a plus d’un tour dans sa trompette et si le climat reste semblable « Super Blue » met la barre plus haut avec des soli plein d’invention soit dans une ambiance relaxante «To Her Leadership » soit dans des réminiscences Hard-Bop « Take It To The Ozone ». Idem pour « The Love Connection » trompette divine et palanqué de sidemen dont Chick COREA (Claviers) Ernie WATTS et Tom SCOTT (Sax tenor) Stanley CLARKE (Basse). Une mention spéciale toutefois pour « SKAGLY » et particulièrement le morceau éponyme, jazz-rock mid-tempo plein d’allégresse avec une des meilleurs formations du trompettiste : Larry KLEIN à la basse électrique (Ex-Joni MITCHELL, dans tous les sens du terme) Billy CHILD aux claviers et des invités de marque tels que Jeff BAXTER aux guitares (ex-STEELY DAN, ex-DOOBIE-BROTHERS) ou Georges DUKE (ex-ZAPPA, entre autres) au clavinet, ça swingue en douceur et ça tricote sévère.






Nous sommes en 80 et Freddie HUBBARD n’a pas fini de nous surprendre.
Novembre 2008

dimanche 23 novembre 2008

The WHO WHO'S WHO

De DETOURS en HIGH NUMBERS ils finiront par adopter le patronyme de THE WHO et nous balanceront d’entrée deux simples mémorables en 1965 « I Can’t Explain » et « Anyhow Anyway Anywhere » que nos bons vieux EP 4 titres réuniront sur la même galette. Deux titres qui bastonnent déjà avec les riffs aiguisés de Pete TOWNSHEND.
Celui qui suit « My Generation » deviendra leur fer de lance en concert durant de nombreuses années avec le bégaiement de Roger DALTREY et ses paroles immortelles si l’on peut dire ‘‘Hope I Die Before Get Old’’.


Ce sera le titre phare de leur premier album « The WHO Sings My Generation » qui contient d’autres morceaux qui cartonnent « The Kids Are Alright » « A Legal Matter » « I Don’t Mind » ou encore « It’s Not True ». Pour l’époque les WHO sont des méchants dont le son est beaucoup plus violent et moins polissé que ce que l’on a l’habitude d’entendre. Les concerts sont une aubaine pour les fabricants de guitares car Pete les termine invariablement en massacrant les siennes


La période qui suit sera celle des hits en 45 tours avec un chant beaucoup plus travaillé, riche en harmonies vocales, « Substitute » l’histoire d’un mec qui est né avec une cuillère en plastique dans la bouche « I’m A Boy » celle d’un autre dont la mère voulait en faire une fille « Happy Jack » le souffre-douleur toujours heureux, morceau dans lequel la batterie de Keith MOON soutient la mélodie d’une façon plutôt inhabituelle.

Ce single sera intégré à la version US de leur nouvel album en 66 et en deviendra même le titre, les américains refusant l’original « A Quick One While He Is Away » un petit coup vite fait pendant qu’il est parti. Le morceau éponyme constitue la pièce maîtresse de l’album, une sorte de mini opéra avant l’heure, une histoire un peu loufdingue à la TOWNSHEND d’un routier sympa qui culbute une femme mariée dont le mari rentre à l’improviste et grand seigneur leur pardonne ‘‘You are forgiven’’. Chacun ira de son petit couplet « See My Way » pour DALTREY « Whiskey Man » et « Boris The Spider » pour ENTWHISTLE et le givré « Cobwebs and Strange » pour MOON. Ce qui sera exceptionnel pour le chanteur et le batteur deviendra permanent pour ENTWHISLE.

En 67, deux simples vont paraître « Pictures Of Lily » un titre percutant dont l’histoire est celle d’un ado déprimé dont le moral remonte en flèche quand son père lui confie des photos porno de Lily et dont il tombe amoureux, hélas elle est morte en 1929 ! La face B est un grand cru du bassiste « Doctor Doctor ». Le suivant « Mary Ann With A Shaky Hand » conte l’histoire d’un coureur de jupons qui a une nette préférence pour celle avec la main qui secoue…Un peu obsédé le TOWNSHEND ! La face B « I can See For Miles » en fait un véritable double A-side, cette dernière devenant emblématique du style des WHO et qui peut être considérée comme un des fondements du Hard Rock que développera Jimmy PAGE au sein des YARDBIRDS et surtout de LED ZEPPELIN.


Dans la foulée paraît leur troisième album « THE WHO SELL OUT » satire de la pub et de la consommation, mélodique mais moins punchy, entrecoupé de jingles, avec « Tattoo » qu’ils joueront souvent en concert à l’argument imparable ‘‘pour être un homme soyez tatoué’’« I Can See For Miles » et « RAEL 1 &2 » qui préfigure l’album suivant en 69.



Le premier album concept à se voir baptisé d’opéra Rock avec l'histoire un peu neuneu d’un garçon sourd muet et aveugle, as du flipper grâce à son odorat, qui devient une sorte de Guru Messih. En revanche, la musique est fabuleuse pour l’époque et lui permet rejoindre la courte liste des double albums de référence. Joué en intégralité sur scène ( Cf Live At Leeds) il contient entre autres titres imparables « Ouverture » « Pinball Wizard » « I’m Free » « We’re Not Gonna Take It » et l’émouvant « See Me Feel Me » avec la voix prenante de Roger DALTREY.

Encouragé par l’accueil public et critique et un peu mégalo sur les bords, Pete TOWNSHEND entreprend un nouveau projet baptisé LIFEHOUSE qui ne verra jamais le jour.

A la place paraît en 71 « WHO’S NEXT » que l’on peut considérer à juste titre comme leur chef-d’œuvre, une sorte de condensé du projet initial qui n’en conserve que le meilleur. Chacun est au top niveau : TOWNSHEND nous offre parmi ses meilleurs morceaux, mouline à tours de bras, impose le synthé avec efficacité « Baba O’Riley », DALTREY n’ a jamais aussi bien chanté « Bargain » « Behind Blue Eyes », Keith MOON martèle comme un forcené et ENTWHISTLE soutient l’ensemble d’une basse exemplaire et se fend d’un de ses meilleurs titres « My Wife ». Les morceaux calmes sont un vrai nectar « Song Is Over » avec Nicky HOPKINS aux claviers et l'album contient un nouveau standard indémodable « Won’ Get Fooled Again ».

Mais Pete a de la suite dans les idées et se lance dans un nouveau projet d’opéra qui va se concrétiser en 73 « QUADROPHENIA » l’histoire d’une personnalité multi-facettes chacune d’elle représentée par un des membres du groupe. Il s’agit d’un de leurs meilleurs albums même s’il est un peu indigeste sur la longueur. Plusieurs titres de bravoure « The Real Me » « 5 :15 » « Dr Jimmy » « Love Reign O’ver Me » « I’m One », des passages qui reviennent au sein de différents titres et en font un véritable concept album et un extrait « Is It Me For A Moment » véritable pendant émotionnel du « See Me Feel Me » de TOMMY.


75 ne sera pas une année faste, « THE WHO BY NUMBERS » est un album plutôt petit bras qui ne peut que décevoir après les deux sommets précédents. Sauvé in extremis par « Squeeze Box » et « Blue Red And Grey » qui s’apparente d’ailleurs plus à un morceau solo de Pete TOWNSHEND.






Sortez les mouchoirs, c’est le dernier album avec Keith MOON le batteur génial (le meilleur ?) et frapadingue. Il a demandé trois ans d’effort pour un résultat honorable et un nouveau titre jubilatoire « Who Are You ». Le reste est agréable mais plus anodin « New Song » « Music Must Change ». C’est quand même la dernière fois que l’on entend la frappe de Keith même si elle est moins omniprésente.



La suite de l’histoire sera plus disparate même si TOWNSHEND nous a gratifié d’autres titres offensifs comme « You Better You Better You Bet » et si le groupe d’origine réduit à TOWNSHEND-DALTREY a réalisé un album sympa en 2006 « ENDLESS WIRE ».
 

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