lundi 8 décembre 2008

KING CRIMSON LE LUSTRE DE LA ROYAUTE

« In The Court Of The Crimson King » sonne comme une déflagration lorsqu’il paraît en 69. Autant l’appellation Opéra Rock m’a toujours parue fantaisiste et usurpée, concept album était bien mieux approprié, cette fois on peut réellement parler de Rock symphonique. « 21st Century Schizoid Man » est un vrai boulet de canon dont mes baffles se souviennent encore, du hard avant l’heure matinée de Jazz avec l’ampleur symphonique dont je parlais plus haut. Les constantes qui marqueront les albums du groupe sont cette alternance de morceaux ravageurs et de plages calmes « I Talk To The Wind » ainsi que la durée des compositions, pierre angulaire du Rock progressif qui permet les débordements lyriques de chacun des protagonistes, une formule qui poussée à l’extrême peut aussi rapidement conduire à l’ennui. Dans le cas présent, c’est le moyen d’exprimer une richesse d’inspiration à l’étroit dans des compositions formatées pour le passage radio, un genre que les compagnie de disques contourneront parfois en tronquant les morceaux de leurs artistes pour en tirer des 45 tours vidés de l’âme qui habitait les compositions originales. Outre Robert FRIPP, guitariste, mentor et principal compositeur, on trouve Ian McDonald, auteur de l’envoûtant morceau éponyme, aux claviers et Greg LAKE, bassiste et immense chanteur qui rajoute une touche de grandiloquence à des titres déjà fortement sophistiqués.Il ne faut pas oublier Pete SINFIELD, une sorte d’Edgar POE du 20ème siècle, l’auteur des textes qui accentue la touche romantique, onirique et sombre de cette révolution musicale. Quand à la pochette devenue mythique, elle fait partie des plus marquantes de l’histoire du Rock.

« In The Wake Of Poseidon » en 70 reste fidèle au schéma établi. Coup de masse avec « Pictures In The City » douceur avec « Cadence And Cascade ». Le personnel a quelque peu changé, ce qui deviendra une habitude, Greg LAKE assure encore le chant mais il va partir co-fonder ELP, Ian McDonald a quitté le navire hostile à toutes velléités commerciales, un comble quand on sait qu’il sera l’un des piliers des premiers FOREIGNER, groupe majeur du Hard FM. A sa place on trouve Keith TIPPET dont le talent explose sur « Cat Food » un titre Rock avec un accompagnement de piano en Free maîtrisé. Le morceau éponyme, comme sur l’album précédent est d’une splendeur exacerbée par le chant profond et ample de Greg LAKE.
Les albums qui suivent « LIZARD » « ISLAND » n’auront pas le même impact ( en tous cas sur moi) même si le second possède des moments de beauté éblouissants. Quand au Live « EARTHBOUND » il est doté d’un son digne d’une musicassette à mille lieux de la production léchée des albums studio.

Il en va tout autrement avec la parution en 73 de « LARK’S TONGUE IN ASPIC » avec un KING CRIMSON dans une de ses émanations les plus brillantes. Robert FRIPP est toujours aux commandes mais ses nouveaux acolytes vont contribuer à métamorphoser le son du groupe qui s’éloigne du côté symphonique pour créer une sorte de Hard Rock atmosphérique. Un nouveau chanteur charismatique John WETTON, lui aussi bassiste, dont la voix possède la même emphase que celle de LAKE, il s’illustrera quelques années plus tard dans des groupes majeurs tels que UK et ASIA et poursuivra une carrière solo particulièrement féconde. Autre apport prépondérant, le violoniste David CROSS, notamment sur le long morceau instrumental éponyme « Part one » au climat envoûtant, avec ce violon qui vous ensorcèle en se faufilant comme un serpent, ponctué par les percussions de Jamie MUIR et la batterie du fantastique Bill BRUFORD (ex-YES), dans un crescendo qui aboutit aux riffs démoniaques de Robert FRIPP. Des riffs qui vont s’approfondir d’une façon beaucoup plus pesante dans la « Part Two » qui clôture l’album. John WETTON s’avère un as de la ballade poignante « Book Of Saturday » mais également un chanteur offensif dans le très Rock « Easy Money ». Une renaissance éblouissante.

En 74, « STARLESS AND BIBLE BLACK » assure la continuité avec « The Great Deceiver » et « Lament » mais aborde également un registre plus fracturé et moins accessible mélodiquement « Fracture » et le morceau qui donne son titre à l’album tout en dissonances et ruptures de rythme. Fracassant mais un poil trop radical.







« RED » qui lui succède l’année suivante assure une synthèse parfaite entre le symphonisme des débuts, le Jazz sous-jacent et le Rock plutôt hard des deux derniers efforts en moins apocalyptique. Si la pochette nous présente FRIPP, WETTON et BRUDFORD, l’album voit le retour de Ian McDONALD et de Mel COLLINS aux saxos sur certains titres et la présence de David CROSS et de son violon magique. « STARLESS » est le morceau ultime, le parfait raccourci, en 12’18 tout de même, de toute la science mélodique et instrumentale du Roi pourpre. John WETTON le reprendra souvent en concert dans sa carrière ultérieure tout à fait recommandable.



« USA » , en 74, sera le témoignage en forme de testament de ce groupe fabuleux enregistré en concert l’année précédente, une sorte de condensé qui nous permet de retrouver des extraits de « LARK’S TONGUE », de « STARLESS » mais aussi du premier album avec une version révisitée de « 21st Century Schizoid Man » ainsi qu’un inédit « Asbury Park » . On notera que le violon est tenu soit par David CROSS, soit par Eddie JOBSON avec lequel John WETTON fondera plus tard UK.

KING CRIMSON renaîtra de ses cendres en 81 avec toujours Bill BRUFORD mais avec deux nouveaux venus Adrian BELEW, chant et guitare, et Tony LEVIN, un incroyable bassiste, mais c’est une autre histoire…

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